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Niveau d'éducation

Nourriture, santé, conditions de vie, fêtes, traditions et coutumes... comment vivaient nos ancêtres au jour le jour ? Débattez-en dans ce forum.
giardf
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Bonjour. J’établis la génealogie de mon fils et peine à expliquer les différences de niveau d’éducation de ses ancêtres par région. Mon critère unique est : qui sait signer son nom sur les actes ? A noter que tous ses ancêtres sont des gens simples, paysans, petits artisans... Pour mes ancêtres corses le niveau d’éducation est très bas, surtout pour les femmes, mais cela s'explique. J'ai beaucoup d’ancêtres en Eure et Loire, qui sont plus éduqués... surtout les hommes... il y a encore d'autres régions. Mais ma surprise vient de la Manche, dans le Coutançais, d'où est originaire mon époux, nettement au dessus de toutes les autres régions en terme d'éducation, et où les femmes sont aussi éduquées que les hommes. Pratiquement tous savent signer leur nom tout au long du 19e siècle. La Manche n’était pourtant pas je pense une région aussi riche que l'Eure-et-Loir par exemple. Quels pourraient être les autres facteurs ? Peut-être une présence religieuse importante, avec l’évêché de Coutances? Merci d'avance
dbassanobarat
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Un article datant de 1974 de François Furet et Vladimir Sachs sur l'alphabétisation.
C'est un article très statistique mais avec cartes selon les départements à la fois du taux d'alphabétisation, du taux de signatures (qui ne sont pas exactement les mêmes) mais aussi de l'accroissement au 19ème siècle pour les hommes et les femmes de la capacité à signer les actes de mariage. Selon les départements,avec des cartes nombreuses.

Cela ne répond pas à votre question sur les causes de ces différences, mais cela quantifiera la réalité des différences selon les départements.
Sinon, à propos de votre remarque sur la religion, on sait que sous l'Ancien régime les protestants lisaient plus que les catholiques (pour lire la Bible à la maison), la Normandie a été très protestante avant la Révocation... mais je sais que cela ne prouve rien car dans mes ancêtres languedociens tous paysans et pauvres gens les familles de protestants convertis qui signaient avant les persécutions de Louis XIII et la Révocation coup de grâce ne signent plus dans les deux ou trois générations suivantes : le font-il pour se cacher, le font-il parce que réellement on n'éduquait plus les enfants à savoir lire et écrire ?

Donc peut-être une piste pour distinguer l'Eure et Loir de la Manche :je n'y crois pas trop , mais explorez la peut-être car l'habitude de l'éducation à la lecture a pu continuer si les persécutions (les dragonnades) étaient moins rudes et l'habitude aidant cela a traversé les siècles ???...

https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1974_num_29_3_293505

https://www.wikimanche.fr/Protestantisme_dans_la_Manche

Cordialement
Dominique
Zuletzt geändert von dbassanobarat am 14 Mai 2021, 17:39, insgesamt 1-mal geändert.
pascaller
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Bonjour,

Je pense aussi que la question religieuse est importante, peut-être plus que celle du niveau de développement économique. Là où était implanté le protestantisme, qui valorisait le livre et l'instruction, l’Église catholique a été obligée à partir de la Contre-Réforme de réagir en développant des écoles rurales et urbaines, afin de ne pas laisser le monopole de l'instruction aux protestants. C'était nettement moins utile dans les régions peu protestantes comme la Bretagne. C'est certainement une des raisons du contraste entre la Normandie et la Bretagne en terme d'instruction avant le XIXe siècle. La Manche fait partie des (futurs) départements les plus alphabétisés à la veille de la Révolution, avec 80 à 90% des hommes sachant signer à leur mariage. C'est avec le Calvados le plus alphabétisé de l'Ouest de la France.
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Pascal
psaliou
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pascaller hat geschrieben: 14 Mai 2021, 15:37 ...
Je pense aussi que la question religieuse est importante, peut-être plus que celle du niveau de développement économique. Là où était implanté le protestantisme, qui valorisait le livre et l'instruction, l’Église catholique a été obligée à partir de la Contre-Réforme de réagir en développant des écoles rurales et urbaines, afin de ne pas laisser le monopole de l'instruction aux protestants. C'était nettement moins utile dans les régions peu protestantes comme la Bretagne.
Bonjour,

Pour la Bretagne, Il y a la religion et la langue.
La langue du quotidien est le breton ce qui réduit considérablement la possibilité d'être au tableau d'honneur en français.
Kenavo,
Pierre
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psaliou hat geschrieben: 14 Mai 2021, 17:51 Pour la Bretagne, il faut retenir l'aspect linguistique.
La langue du quotidien est le breton ce qui réduit considérablement la possibilité d'être au tableau d'honneur en français.
Cependant, si on en croit la carte, il semble qu'on maîtrisait un peu mieux l'écriture dans le Finistère (30 à 40% en 1789) qu'en Ille-et-Vilaine et en Loire-Atlantique (20 à 30%), où on parlait le gallo, une langue d'oïl plus proche du normand et du français. Quant au Morbihan, dont la moitié orientale parlait aussi le gallo, il est un des départements les moins alphabétisés de France, bien moins que le Finistère bretonnant. Je ne pense donc pas pas le critère linguistique soit déterminant dans le fait que la Manche était trois fois plus alphabétisée que l'Ille-et-Vilaine voisine.

Pascal
giardf
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Bonjour! Merci beaucoup pour toutes ces réponse, qui effectivement ne donnent pas en direct la réponse a ma question, mais confirment complètement les constatations que j'ai faites sur mon petit échantillon, et me donnent des références et des pistes de réflexion que je n'avais pas. Je vais creuser l'histoire du protestantisme dans la Manche, étant tout à fait béotienne sur le sujet... Cordialement
Florence
nbernad
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giardf hat geschrieben: 14 Mai 2021, 10:26 Bonjour. J’établis la génealogie de mon fils et peine à expliquer les différences de niveau d’éducation de ses ancêtres par région. Mon critère unique est : qui sait signer son nom sur les actes ? A noter que tous ses ancêtres sont des gens simples, paysans, petits artisans... Pour mes ancêtres corses le niveau d’éducation est très bas, surtout pour les femmes, mais cela s'explique. J'ai beaucoup d’ancêtres en Eure et Loire, qui sont plus éduqués... surtout les hommes... il y a encore d'autres régions. Mais ma surprise vient de la Manche, dans le Coutançais, d'où est originaire mon époux, nettement au dessus de toutes les autres régions en terme d'éducation, et où les femmes sont aussi éduquées que les hommes. Pratiquement tous savent signer leur nom tout au long du 19e siècle. La Manche n’était pourtant pas je pense une région aussi riche que l'Eure-et-Loir par exemple. Quels pourraient être les autres facteurs ? Peut-être une présence religieuse importante, avec l’évêché de Coutances? Merci d'avance
Savoir signer son nom ne signifiait pas qu'on savait lire et écrire.......... :?
Nadine

"Si la vie est éphémère, le fait d'avoir vécu une vie éphémère est un fait éternel. ": Vladimir JANKELEVITCH
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nbernad hat geschrieben: 28 Mai 2021, 08:17 Savoir signer son nom ne signifiait pas qu'on savait lire et écrire.......... :?
Bonjour,

Selon l'article de François Furet et Wladimir Sachs cité par Dominique, la capacité à signer est sous l’Ancien Régime un assez bon indicateur de l'alphabétisation, car on apprenait généralement dans les écoles à lire avant d'apprendre à écrire, alors que plus tard les deux capacités sont acquises simultanément. La capacité à écrire/signer suppose donc que la personne concernée savait assez bien lire et avait été assez longuement scolarisée. Évidemment, dans certains cas, quand la signature est très maladroite, on peut se demander si la personne n'avait pas appris simplement à copier son nom. Mais quand la signature est à peu près maîtrisée, cela indique normalement une réelle alphabétisation.

Pascal
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Oui, il faut distinguer une signature maitrisée qui fait penser à un minimum d'instruction d'une signature maladroite, tremblante, avec, parfois des lettres inversées, manquantes qui montre un apprentissage de circonstance, pour un évènement donné, le mariage par exemple

J'en suis arrivée à cette conclusion par la comparaison, par exemple, de CM et d'actes de mariage

Le CM n'est pas signé "a dit ne pas savoir" et l'acte de mariage l'est
Nadine

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pascaller
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Je pense en particulier à mon ancêtre François Lacorne, qui commence à signer très maladroitement en 1747, à 68 ans, au moment de son second mariage (et quelques jours plus tôt à celui de sa fille).
https://gw.geneanet.org/pascaller_w?lang=fr&pz=pascal+alain+michel&nz=leroux&p=francois&n=lacorne
On remarque aussi que son père savait signer de façon beaucoup plus habile, ainsi que ses enfants, filles comme garçons. Marchand d'un assez haut niveau social, il devait ressentir une certaine infériorité du fait de son incapacité à signer et a appris très tardivement, peut-être avec l'aide de ses enfants.
Son petit-fils sera d'ailleurs maire du Havre sous la Révolution et certains de ses descendants feront partie de la grande bourgeoisie parisienne. Il y avait donc certainement chez François un décalage entre son ascension sociale et les capacités attendues des membres de son groupe social.
pelisson
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Bonjour,
Il me semblait aussi lu des explications sur l'alphabétisation en fonction des traditions de pays, régions de coutume ou de droit écrit. cette carte prouve le contraire :!: Je confonds avec le recours au notaire ?
Il y a aussi des cas particuliers : dans les Hautes-Alpes, les instituteurs saisonniers : aux champs pendant l'été puis émigraient pour enseigner pendant l'hiver.
Pelisson
dbassanobarat
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Quand on parle de "droit écrit" par rapport au "droit coutumier" ce n'a pas à ma connaissance de rapports avec l'alphabétisation des gens.
Le "droit écrit" est le droit issu (et revivifié au XIIème siècle et par la suite) du droit Romain. Le corpus du droit romain s'est répandu dans la France du sud, le droit coutumier issu du haut moyen âge faisait cohabiter le droit issu des Barbares (Germains) et des restes de droit Romain, le Droit Romain était écrit, commenté, glosé, transmis, recopié dans des manuscrits et enseigné dans les Universités médiévales au même titre que le droit Canon.
Du coup les notaires et tous les gens qui avaient fait des études juridiques étaient les intermédiaires pour tous les actes de la vie auxquels on recourrait, les gens des pays de droit écrit ne savaient pas plus lire qu'ailleurs et même parfois moins, car ils pouvaient s'appuyer sur tous les professionnels du droit de toutes sortes de niveau hiérarchique et de connaissance ,mais qui étaient tous "clercs" et savaient écrire .
Je pense que ces expressions "droit écrit" " droit coutumier" ont peu à voir pour comprendre qui savait lire ou pas, d'autant que depuis le XVIème siècle le pouvoir Royal a poussé à ce que toutes les coutumes soient écrites ( c'est terminé dans le courant du 18ème il me semble).
Cordialement
Dominique
ffoucart
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Bonjour,

On distingue deux France: la France du Nord, de droit coutumier, et celle du Sud, de droit écrit. Dans les deux cas, les coutumes sont importantes. Simplement, les juristes du Sud de la France ont été plus marqués par le Droit Romain (avec les universités du Sud) et du Droit Canon (avec la présence des Etats Papaux).
https://www.ac-sciences-lettres-montpellier.fr/academie_edition/fichiers_conf/Hilaire2008.pdf

Le recours à l'écrit est différent entre les deux zones, et le mode de preuve change aussi. Par exemple, les Notaires apparaissent plus tardivement dans le Nord, et ne rédigent pas les mêmes actes (je pense notamment aux contrats d'apprentissage, courants dans le Midi, rares dans le Nord).

Néanmoins, si cela peut expliquer une partie de l'analphabétisme du Midi (le nombre de clercs (au sens de lettrés) y étant plus fort), cela ne permet pas de comprendre l'étendue du problème. Deux autres facteurs sont considérés comme importants:
- le moindre développement économique, qui est un facteur déterminant. Les régions du Nord connaissent un développement manufacturier (au sens artisanal) plus précoce et plus important qu'au Sud. Or, les artisans sont souvent plus lettrés que la moyenne.
- la Contre Réforme qui a mis en place des écoles dirigées par les curés (le Clerc laïc étant souvent un proche du curé de la paroisse).

A noter tout de même que les hommes sont plus lettrés que les femmes, et qu'il faut faire attention à la période. On note un recul de l'alphabétisation à la fin du XVIIème siècle (crise économique, guerres....).

Bien cordialement,
pascaller
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ffoucart hat geschrieben: 07 Juni 2021, 10:55 Néanmoins, si cela peut expliquer une partie de l'analphabétisme du Midi (le nombre de clercs (au sens de lettrés) y étant plus fort), cela ne permet pas de comprendre l'étendue du problème. Deux autres facteurs sont considérés comme importants:
- le moindre développement économique, qui est un facteur déterminant. Les régions du Nord connaissent un développement manufacturier (au sens artisanal) plus précoce et plus important qu'au Sud. Or, les artisans sont souvent plus lettrés que la moyenne.
- la Contre Réforme qui a mis en place des écoles dirigées par les curés (le Clerc laïc étant souvent un proche du curé de la paroisse).
Bonjour,

Au sujet du développement économique du Nord de la France et du lien avec l'alphabétisation, je ne pense pas que le développement manufacturier au XVIIIe soit le facteur principal. Certes, dans les campagnes, notamment en Normandie, beaucoup de paysans participent à la production textile en travaillant sur des métiers à tisser appartenant à des manufacturiers qui leur fournissent la matière première (phénomène de proto-industrialisation). Mais il s'agit pour les paysans les plus pauvres d'un complément de revenu qui s'explique par la misère et la faiblesse de leur production agricole qui ne leur permet plus de vivre. Il ne s'agit donc pas d'artisans au sens urbain du terme, qui sont en effet pour beaucoup alphabétisés. Tout comme cela sera le cas au siècle suivant pour les ouvriers urbains, les débuts de l'industrie rurale peuvent même faire décliner l’alphabétisation en favorisant le travail précoce des enfants.

L’alphabétisation dans les campagnes concerne plutôt les paysans moyens, qui ne sont pas astreints au travail artisanal pour compléter leur revenus et profitent de la proximité des villes, Paris et Rouen notamment, pour commercialiser leurs excédents de production, dans le contexte d'une économie de plus en plus monétarisée. L'insertion dans les marchés urbains suppose la maîtrise des comptes et de l'écriture et favorise l'alphabétisation. Les paysans assez à l'aise, ou qui espèrent le devenir, ont tout intérêt à instruire leurs enfants pour qu'ils puissent conclure des contrats avec les commerçants des villes. Je vois ce phénomène dans ma généalogie normande quand mes laboureurs deviennent des marchands laboureurs, qui ont une écriture de plus en plus maîtrisée.
C'est un phénomène sans doute moins développé dans le Sud et l'Ouest de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Pascal
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Bonjour
L'alphabétisation évaluée par région en fonction de la présence ou non de signature sur les registres d'état civil, ou de ce qu'en écrit le curé est aléatoire. J'ai vu plusieurs registres ou le curé ne demande pas aux gens de signe et n'indique rien...
Par exemple Haute-Savoie
https://archives.hautesavoie.fr/ark:/67033/a011526392938yXdnev/daogrp/0/173
Alors qu'en effet j'ai les 2 signatures d'un couple marié en ( actuelle) Ile de France en 1665
https://gw.geneanet.org/daline5_w?lang=fr&p=jeanne&n=courant&oc=0&pz=aline&nz=duchene&type=tree

Cordialement
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